Rues désertes, quartiers généraux de l’opposition fermés, barrages filtrants de la gendarmerie partout en ville… La capitale des Comores, Moroni, semblait étrangement calme, mardi 16 janvier au soir, lors de la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle. Le président sortant, Azali Assoumani, a été réélu pour un troisième mandat avec 62,97 % des votes, selon les chiffres présentés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Peu après l’annonce de sa victoire, le chef de l’Etat, 65 ans, s’est exprimé devant cinq cents personnes rassemblées au siège de son parti, la Convention pour le renouveau des Comores (CRC). Le « peuple comorien sort gagnant de ce scrutin […] au vu du bon déroulement et du taux élevé de participation », a-t-il déclaré. Une affirmation démentie par l’opposition et certains observateurs qui ont dénoncé un scrutin émaillé de nombreuses irrégularités.
Le taux de participation a quant à lui fluctué. La CENI avait estimé, dimanche, le jour du vote, qu’il dépassait les 60 % mais ce mardi, la même commission a annoncé qu’il n’était que de 16,30 %. Un écart conséquent qui alimente les suspicions de manipulation des chiffres. Ibrahim Mzimba, chef de la stratégie politique du candidat du Juwa, le principal parti d’opposition, parle de « mascarade ». Son candidat, Salim Issa, s’est placé en seconde position du scrutin avec 20 % des voix.
Forces de l’ordre omniprésentes
Azali Assoumani, ancien colonel putschiste, au pouvoir depuis 1999, a martelé durant toute sa campagne le slogan « Gwa Ndzima » (« Assumer en un seul coup » en langue shikomori), affichant son objectif de se faire élire dès le premier tour. Une mission qui s’annonce réussie, sous réserve de la confirmation définitive des résultats par la Cour suprême, dont le président nomme les membres. « Ils ont été vaincus par KO, scande le directeur de campagne de M. Assoumani, Houmed Msaidie, à propos des cinq candidats de l’opposition comorienne. Qu’ils ne tentent pas de se mettre en colère, nous ne les laisserons pas faire », prévient-il.
La consigne semble avoir été passée en amont. L’armée et la gendarmerie, omniprésentes en ville, ont dispersé les membres du Juwa qui se trouvaient aux abords de leur quartier général, dès le début de soirée.
Injoignables, les candidats de l’opposition n’étaient pas apparus publiquement mardi soir après l’annonce des résultats, eux qui avaient pourtant promis de « travailler ensemble pour que l’expression du peuple soit respectée » et qui avaient pointé du doigt un régime voulant « falsifier les résultats avec la complicité de certaines institutions impliquées dans le processus électoral », dans une déclaration commune publiée le matin même.
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