COP26

Réchauffement climatique : de 1,5 à 4°C, apocalypse now ou plus tard

Le procès du siècle, délibérations citoyennesdossier
Augmentation des déluges au mieux, canicules extrêmes et régulières au pire… Tour d’horizon des scénarios catastrophes.
par Camille Gévaudan
publié le 15 novembre 2021 à 5h05
(mis à jour le 19 janvier 2022 à 11h10)

La déclaration finale de la COP26 martèle un objectif chiffré : il faut «limiter le réchauffement à 1,5 °C» par rapport à la période préindustrielle. Les Etats reconnaissent aujourd’hui que «les impacts du changement climatique seront bien moindres avec un réchauffement de 1,5 °C, comparé à 2 °C». Mais de quels impacts parle-t-on exactement ?

+1,5 °C : un objectif quasi inatteignable et des conséquences garanties

Le scénario le moins pessimiste, avec une hausse des températures limitée durablement à 1,5 °C, se produira si les Etats parviennent à limiter drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les chances d’y arriver sont quasiment nulles, et les conséquences qui suivent sont quasiment garanties. «Le seuil de +1,5°C sera franchi à court terme, avant 2040», pointe le climatologue Christophe Cassou, co-auteur du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dont le premier volet a été dévoilé cet été.

Dans ce scénario, les épisodes de canicule avec des températures extrêmes tels qu’il en arrivait tous les dix ans pendant la période préindustrielle se produiront quatre fois par décennie. Ils seront un peu plus intenses (+1,9 °C de chaleur en moyenne). Les déluges de précipitations vont gagner en fréquence et en intensité, ainsi que les sécheresses.

Les glaciers et la banquise vont continuer de fondre. «Le relâchement de carbone suite au dégel du permafrost [le sous-sol gelé, ndlr] est irréversible à une échelle centenaire», juge le rapport du Giec. Conséquence de la fonte des glaces, le niveau des mers va monter tout au long du XXIe siècle, et ne gagnera «que» 28 à 55 centimètres d’ici 2100 dans le meilleur scénario. En 2150, même en suivant cette évolution (trop) optimiste, les mers auront pris entre 37 et 86 centimètres. Dans les deux mille prochaines années, les océans auront gagné 2 à 3 mètres de haut.

L’acidification des océans, qui pompent une partie de l’excès de CO2 de l’atmosphère, va s’amplifier et aggraver le blanchissement des coraux. Dans un rapport spécial sur l’océan publié en 2019, le Giec a calculé que 70 % à 90 % des coraux pourraient disparaître.

+2 °C : un point de non-retour pour les calottes glaciaires

Si une politique climatique très sévère est mise en place au niveau mondial, la hausse des températures pourrait être limitée à 2 °C d’ici 2100. Scénario qui a de maigres chances de se produire.

Ainsi, certaines régions (l’Est du Brésil, l’Asie du Sud-Est, la Chine centrale) et presque toutes les zones côtières pourraient être frappées par trois ou quatre catastrophes simultanées entre sécheresses, cyclones, incendies, inondations ou maladies transportées par les moustiques… Les canicules extrêmes se produiront 5,6 fois par décennie et seront plus chaudes de 2,6 °C en moyenne. Un milliard de personnes seront touchées par le phénomène de stress thermique extrême. Déshydratation, difficultés de circulation sanguine et problèmes cardiovasculaires affecteront un septième de la population mondiale lors des périodes les plus chaudes. 68 millions de personnes sont déjà affectées par le stress thermique aujourd’hui. Avec 2 °C supplémentaires, leur nombre sera multiplié par quinze.

Jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront touchées par la malnutrition d’ici à 2050, et 400 millions de plus seront exposés aux pénuries d’eau dans les villes.

Dans le scénario à 2 °C, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest va arriver à un point de non-retour. Les mers monteront de 32 à 62 centimètres d’ici 2100, et auront pris entre 46 centimètres et 1 mètre en 2150. L’acidification des océans va aggraver le blanchissement des coraux, au point d’en faire disparaître 99 % des espèces. Les animaux de l’Arctique, qui se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne, ne vont pas non plus faire long feu.

+4 °C : l’extrapolation du chemin emprunté depuis 1992

Le scénario où les températures montent de 4 °C d’ici 2100 a de grandes chances de se produire : c’est une extrapolation du chemin emprunté depuis 1992 avec l’augmentation mesurée des gaz à effet de serre.

A +4.5 °C environ, les forêts et les océans n’arrivent plus à jouer leur rôle d’aspirateurs à carbone et seulement 38 % des émissions mondiales seraient absorbées. Les canicules extrêmes qui se produisaient une fois par décennie arriveront une fois par an, et seront plus chaudes encore de 5 °C. Les épisodes de précipitations intenses arriveront près de trois ans sur dix, et les sécheresses quatre ans sur dix. D’ici la fin du siècle, les canicules marines pourraient se répéter tous les ans sur les côtes européennes de la Méditerranée. La fonte des glaces entraînerait une hausse du niveau des mers jusqu’à 1,33 mètre d’ici 2150, et dans deux millénaires les océans auront gonflé de 20 mètres.

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