C’est une requête ancienne des pays du Sud, finalement entendue : la question des pertes et dommages provoqués par le réchauffement climatique a été inscrite à l’agenda officiel de la conférence mondiale pour le climat (COP27), dont le coup d’envoi a été lancé à Charm El-Cheikh, dimanche 6 novembre.
La décision a été précédée par « quarante-huit heures intenses » de négociations, a fait savoir Sameh Choukri, président de la COP27 et ministre égyptien des affaires étrangères. Cette inclusion est un succès diplomatique pour Le Caire, qui classe le dossier des financements et des réparations comme une priorité.
La prise en compte des pertes et préjudices avait été encore bloquée par les pays industrialisés, pollueurs historiques, lors de la précédente COP de Glasgow : ils n’avaient accepté que l’idée d’un dialogue jusqu’en 2024. Il a fallu un compromis pour que le sujet soit mis à l’ordre du jour : il ne sera pas question, dans les discussions, de « responsabilité ou d’indemnisation », mais de « coopération et de facilitation », a déclaré M. Choukri. « Cette inclusion à l’agenda reflète un sens de la solidarité et de l’empathie pour la souffrance des victimes des catastrophes causées par le climat », a-t-il toutefois estimé.
Il n’est pas acquis que les débats aboutissent à la création d’un fonds, comme le réclament de nombreux acteurs du Sud. Les négociateurs des pays en développement devraient pousser, au minimum, pour l’adoption d’un échéancier d’engagements. Parmi eux, les dirigeants venus d’Afrique, continent touché de plein fouet par le réchauffement climatique, bien qu’il en soit le moins responsable (moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre), seront présents en nombre. Plus de vingt chefs d’Etat et de gouvernement africains doivent être représentés lors du sommet des dirigeants, lundi et mardi, qui donnera le ton des quinze jours de négociations. La COP27 est voulue par l’hôte égyptien comme celle de la « mise en œuvre » du passage « de l’ambition à l’action », comme le proclament des panneaux dans Charm El-Cheikh, station balnéaire placée sous des conditions de sécurité drastiques.
« Sur le même bateau »
De la part du Sud, les attentes sont également grandes en matière de financements pour l’atténuation et l’adaptation. Les promesses faites en 2009 par les pays riches pour aider les plus pauvres n’ont pas été tenues – 83 milliards de dollars en 2020, au lieu des 100 milliards annoncés.
De plus, leur traduction sous forme de prêts fait débat dans les pays concernés. « Tout le monde comprend que nous sommes sur le même bateau du changement climatique. Mais il faut une nouvelle approche des institutions financières internationales, qui sont dirigées par les pays occidentaux », estime Robert Chimamba, observateur à la COP et militant zambien au sein de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique, un réseau d’organisations basé au Kenya.
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