Son intervention pour la défense des nations insulaires avait déjà marqué les esprits lors de la conférence climatique mondiale (COP) de Glasgow, fin 2021. Sur la scène de Charm El-Cheikh, Mia Mottley, première ministre de la Barbade, s’impose de nouveau comme une voix puissante à la COP27, accueillie par l’Egypte : la dirigeante caribéenne appelle à une refonte massive des prêts de développement internationaux et à une taxation d’au moins 10 % des profits des sociétés d’énergie fossile, qui ont réalisé « 200 milliards de dollars de profits au cours des trois derniers mois ».
« Nous voulons garder nos pays au-dessus du niveau de la mer », a insisté la cheffe de gouvernement lors d’une conférence de presse, mardi 8 novembre, en marge du sommet des dirigeants de la COP27, durant lequel, pendant deux jours, la rhétorique a été la vedette de la tribune officielle.
L’ancienne avocate a défendu un meilleur accès du pays du Sud aux financements internationaux, et la légitimité d’obtenir des réparations financières de la part des nations industrialisées, pollueurs historiques. « Si je pollue votre propriété, vous vous attendez à ce que je vous indemnise », lance-t-elle, à titre de comparaison.
Taxation des superprofits
La question financière est très présente durant ces premiers jours de COP27 : pays émergents ou en développement sont à l’offensive sur le sujet, et le ton est souvent vindicatif. Les « pertes et dommages » ont été inscrits à l’agenda pour la première fois dans l’histoire des conférences de l’ONU sur le climat. Pendant des années, Européens et Américains n’ont pas voulu entendre parler de réparations. En amont de la COP, l’envoyé spécial américain sur le climat, John Kerry, s’était dit favorable à trouver un terrain d’entente, tout en refusant d’aller sur le terrain de la responsabilité légale.
La création d’un fonds ne sera, a priori, pas tranchée à Charm El-Cheikh. Pour le premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, qui s’exprimait mardi au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), cet outil financier ne serait « qu’un modeste gage alors que nos membres perdent jusqu’à 2 % de leur PIB en un jour à cause d’un événement climatique ». Mia Mottley plaide quant à elle que l’une des clés pour avancer sur ce dossier tient à la taxation des superprofits des compagnies d’énergie fossile.
Si la première ministre de la Barbade souhaite une réforme des financements internationaux, c’est parce qu’elle estime que le système, conçu au sortir de la seconde guerre mondiale, à une époque où les empires coloniaux prospéraient, et pensé sans les pays en développement, est devenu caduc au XXIe siècle. « Le monde en développement n’a pas été suffisamment entendu et doit trouver sa place », a-t-elle rappelé mardi.
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