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La grève de la faim d’Alaa Abd El-Fattah, détenu politique le plus célèbre d’Egypte, plane sur la COP27

« Il n’y a plus beaucoup de temps, au mieux soixante-douze heures, pour libérer Alaa Abd El-Fattah », a dit la secrétaire générale d’Amnesty International. Des militants et plusieurs orateurs de la société civile ont publiquement défendu sa cause.

Le Monde avec AFP

Publié le 07 novembre 2022 à 22h45, modifié le 12 novembre 2022 à 00h54

Temps de Lecture 3 min.

A Beyrouth (Liban), une centaine de personnes ont manifesté lundi 7 novembre 2022 devant l’ambassade britannique.

Le détenu politique le plus célèbre d’Egypte, Alaa Abd El-Fattah, en grève de la faim et qui n’aurait plus que quelques jours à vivre selon ses soutiens, s’est invité lundi 7 novembre dans les discussions entre dirigeants réunis à Charm El-Cheikh pour la COP27.

Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a ainsi dû répondre successivement au premier ministre britannique, Rishi Sunak, au président français, Emmanuel Macron, et au chancelier allemand, Olaf Scholz, au sujet du prisonnier britannico-égyptien, icône de la révolution de 2011 en Egypte. M. Sunak avait prévenu : Alaa Abd El-Fattah est « une priorité » pour Londres. Lundi soir, après avoir rencontré le président égyptien, il a dit « espérer voir son cas résolu au plus vite » et s’est engagé à continuer à « faire pression pour qu’il y ait du progrès », selon un porte-parole de Downing Street. M. Macron, lui, a assuré que M. Sissi s’était « engagé » à ce que la santé d’Alaa Abd El-Fattah « soit préservée », disant espérer que « les prochaines semaines et les prochains mois permettront d’avoir des résultats ». Olaf Scholz a, pour sa part, jugé mardi qu’il fallait « prendre une décision maintenant ». « Une libération doit être possible pour que cette grève de la faim n’ait pas une issue mortelle », a-t-il ajouté.

Le porte-parole de M. Sissi s’est contenté de faire état de ces entretiens sans en révéler la teneur. Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, président de la COP27, a assuré à la chaîne de télévision CNBC qu’Alaa Abd El-Fattah « bénéficie de tous les soins nécessaires en prison ».

Autant d’affirmations rejetées par les proches de M. Abd El-Fattah, dont sa sœur Sanaa Seif, présente à Charm El-Cheikh où elle multiplie les rencontres avec des responsables et les interviews.

« Danger de mort »

Depuis le 2 avril,Alaa Abd El-Fattah, bête noire du président Sissi, n’ingérait qu’un verre de thé et une cuillère de miel par jour dans sa prison de Wadi Natroun, au nord-ouest du Caire. Incarcéré plusieurs fois depuis 2006, il a totalement cessé de s’alimenter mardi dernier et de boire dimanche, alors que s’ouvrait la COP27 à Charm El-Cheikh, à l’autre bout du pays.

Lundi, trois journalistes égyptiennes ont annoncé entamer une grève de la faim pour réclamer sa libération. « Nous arrêtons de nous nourrir maintenant parce qu’Alaa Abd El-Fattah est en danger de mort », a expliqué Mona Selim, lors d’un sit-in au Caire avec Eman Ouf et Racha Azab. Elles réclament « la libération de tous les détenus d’opinion », qui sont plus de 60 000 en Egypte, selon les ONG.

Les militants présents à la COP27 multiplient les posts sous le mot-clé #FreeAlaa sur les réseaux sociaux, et plusieurs orateurs de la société civile ont terminé leurs allocutions par la phrase You have not yet been defeated (« Vous n’avez pas encore été vaincus »), le titre du livre d’Alaa Abd El-Fattah. « Il n’y a plus beaucoup de temps, au mieux soixante-douze heures, pour libérer Alaa Abd El-Fattah. Si [les autorités égyptiennes] ne le font pas, cette mort sera dans toutes les discussions à la COP27 », prévenait dès dimanche la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

A Beyrouth, une centaine de personnes ont manifesté lundi devant l’ambassade britannique.
« Il incarne la lutte du monde arabe contre les régimes autoritaires depuis douze ans », a affirmé la journaliste et militante Diana Moukalled, qui brandissait un portrait en noir et blanc du militant, accompagné du mot-clé #FreeAlaa.

« Symbole de l’arbitraire du régime »

Alaa Abd El-Fattah, ingénieur de formation et blogueur prodémocratie, qui fut pendant des années de toutes les révoltes en Egypte, a été condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations ».

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Il a été une figure de proue du mouvement politique Kefaya dans les années 2000, puis de la révolution de 2011 qui renversa Hosni Moubarak, des défilés monstres contre l’islamiste Mohamed Morsi deux ans plus tard et enfin des manifestations contre Abdel Fattah Al-Sissi.

Depuis sa prison, il est devenu « le symbole de l’arbitraire du régime », affirme Agnès Callamard. Selon Amnesty, depuis que l’Egypte a réactivé sa Commission des grâces présidentielles en avril, 766 prisonniers d’opinion ont été libérés. Mais 1 540 autres sont entrés en prison, dont Sherif Al-Roubi, une figure de la gauche, réincarcéré après avoir bénéficié de cette grâce, note l’ONG. « Le président avait annoncé une initiative qui devait mettre fin aux incarcérations pour délit d’opinion mais en réalité, c’est le contraire », renchérit Mme Selim.

Si sa Constitution garantit la liberté de la presse, l’Egypte compte une trentaine de journalistes incarcérés. Selon Reporters sans frontières (RSF), Le Caire est 168e sur 180 au classement de la liberté de la presse en 2022.

Le premier séjour en prison d’Alaa Abd El-Fattah remonte à 2006, sous Hosni Moubarak. Il y est retourné sous le maréchal Mohammed Tantaoui, dirigeant de facto du pays entre 2011 et 2012, sous Morsi puis sous le président Sissi depuis 2019. C’est depuis sa cellule qu’il est devenu citoyen britannique, en pleine grève de la faim, sa mère, Laila Soueif étant née à Londres.

Le Monde avec AFP

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