Le bassin du Congo

entre préservation et exploitation

La forêt d’Afrique centrale, deuxième puits de carbone du monde, fait face à de multiples pressions.

Les forêts tropicales

Captation de CO2, en milliards de tonnes par an

Forêt
du bassin
du Congo
Forêt
amazonienne
Forêt
d’Asie du Sud-Est
Equateur
0,1
0,61
– 0,49

La forêt du bassin du Congo représente la deuxième forêt tropicale du monde en matière de superficie après celle du bassin de l’Amazone. Le couvert forestier et les tourbières séquestrent l’équivalent de dix années d’émissions mondiales de CO2. En revanche, la forêt d'Asie du Sud-Est émet plus de CO2 qu'elle n'en capte. Une situation liée à la déforestation et aux incendies.

Lac Kivu
Lac
Albert
Lac
Edouard
Lac
Victoria
Congo
Congo
Oubangui
Congo
Kasaï
Tshuapa
Kadéi
Uele
Tanzanie
Zambie
Angola
Ouganda
Rwanda
Burundi
Nigeria
Tchad
Kenya
République
centrafricaine
Guinée
équatoriale
République
démocratique
du Congo
République
du Congo
Gabon
Cameroun
Bangui
Yaoundé
Libreville
Kisangani
Kinshasa
Douala
Kananga
Mbuji-Mayi
Bukavu
Lubumbashi
Brazzaville
Malabo

180 millions d’hectares de couvert forestier dense et humide

La forêt du bassin du Congo s’étend sur six pays et couvre une surface totale de 180 millions d’hectares (plus de trois fois la superficie de la France métropolitaine). La forêt recouvre 35,8 % de la superficie de la République centrafricaine, alors qu'elle représente 91,3 % de celle du Gabon.


Forêt dense humide
Fleuve et rivière du bassin du Congo

Couverture forestière par pays

Gabon
Guinée équatoriale
Rép. du Congo
Rép. démocratique du Congo
Cameroun
Rép. centrafricaine
50 %
0
100 %

Création de réserves naturelles pour protéger la biodiversité

Cette région a connu une effervescence de créations d’aires protégées dans les années 1990. Aujourd'hui, elle compte 206 réserves occupant 799 000 kilomètres carrés, soit 14,8 % de ses terres et 5 % de la zone économique exclusive marine des pays d’Afrique centrale.


Aire protégée

Création d’aires protégées en Afrique centrale, en cumulé, en milliers de km2

1905
2020
799
0

Part des aires protégées, en % de la surface totale du pays

0
20 %
40 %
Rép. du Congo
Gabon
Guinée équatoriale
Rép. centrafricaine
Rép. démocratique du Congo
Cameroun

Une déforestation accélérée

Malgré le nombre important d’aires protégées, de nombreux conflits apparaissent autour des différents usages de la forêt. Les besoins élémentaires de la population se chevauchent avec la présence d’entreprises extractives et divergent avec la volonté de conservation des Etats de ce riche écosystème. En 2020, 491 000 hectares de forêt primaire ont disparu en République démocratique du Congo (RDC).


Perte du couvert forestier (2000-2018)

Extension des zones urbaines sur la forêt

Actuellement peuplée de 185 millions d’habitants, la population du bassin du Congo devrait doubler d’ici à 2050. L’étalement résidentiel, l’agriculture familiale et le développement d’infrastructures vont accélérer le processus de déforestation.


Ville de plus d’un million d’habitants dont la croissance est supérieure à 3 % entre 2020 et 2025

Exploitation pour l’industrie forestière et extractive

Le bassin du Congo regorge de ressources naturelles, plus ou moins rares et recherchées. L’exploitation de minerais, dont certains sont fortement demandés par l’industrie technologique et numérique, est l'une des principales sources de revenus pour les Etats présents dans cette zone. En 2019, le secteur minier représentait 91 % des exportations de la RDC, essentiellement composées de cuivre et de cobalt.

Même si l’exploitation pétrolière reste pour l’instant secondaire (hors exploitation offshore), des contrats pétroliers, pas encore exploités, ont été attribués dans des aires protégées d’Afrique centrale. Au Gabon, dix-neuf contrats pétroliers recouvrent 11,1 % de la superficie des réserves naturelles nationales.


Concessions forestières
Concessions pétrolières

Exploitation de minerais

or
diamants
coltan
cuivre
cobalt

Conflits d'usages

Entre exploitation des ressources, agriculture vivrière et braconnage, la biodiversité et le couvert forestier sont fortement menacés. Des réserves et des parcs ont été créés pour répondre à ces pressions, cependant ces zones de conservation n’ont pas été pensées en collaboration avec les populations autochtones, engendrant d’importantes tensions locales.

Une biodiversité exceptionnelle menacée. Cette zone recense plus de 10 000 espèces végétales, dont 30 % d'endémiques, et plus de 425 mammifères, endémiques également, comme le gorille, le bonobo, l’okapi et le bongo.

L’agriculture vivrière nourrit plus de 60 millions de personnes vivant au cœur des forêts et 40 millions de citadins établis à proximité. Une croissance démographique implique une croissance urbaine qui a des répercussions sur les espaces forestiers.

La chasse et le braconnage répondent à une demande locale en viande de brousse, principalement de porc-épic et d’antilope, ainsi qu’à une demande internationale en ivoire. En trente ans, plus de huit éléphants de forêt d’Afrique sur dix ont disparu, inscrivant l’espèce dans la catégorie « en danger critique d’extinction ».

La déforestation s'accélère. En Afrique, elle est passée d'une moyenne annuelle de moins de 2 millions d’hectares entre 2001 et 2013 à plus de 4 millions entre 2014 et 2018, ce qui représente une augmentation plus importante qu’en Amazonie.

Deux cent six réserves et parcs ont été créés pour répondre à l’objectif mondial de 17 % de superficies terrestres protégées, adopté par les parties à la COP d'octobre 2010. Ces enclaves, dont la gestion est souvent confiée à des organisations non gouvernementales (ONG) de conservation, ont jusqu’à présent rarement pris en compte les populations locales, en particulier celle des Pygmées qui vivent dans la forêt.

Les exploitations minières couvrent près de 10 % (502 000 km2) de la surface du bassin du Congo. On dénombre 4 600 permis, dont 3 800 en RDC. Cent cinquante-quatre se situent sur des aires protégées, représentant une surface de chevauchement de 12 908 km2.

Une population autochtone ignorée. Plusieurs milliers de personnes ont été expulsées lors de la création d'aires protégées, sans respect des droits fonciers coutumiers. Le mode de vie traditionnel et nomade des peuples autochtones implique qu’ils sillonnent l’ensemble des forêts, traversant parfois des zones protégées. Celles-ci leur sont souvent interdites, créant des tensions et réduisant leur territoire.