En marge du 18e Sommet de la francophonie, à Djerba, Emmanuel Macron s’est livré à une radioscopie de la place du français dans le monde, et plus particulièrement en Afrique.

Selon le verbatim qu’en font l’agence turque d’informations Anadolu et le site saoudien en français Arab News, le président français a d’abord dressé un bilan de la présence du français, constatant que, “dans les pays du Maghreb, on parle moins français qu’il y a vingt ou trente ans”. Une réalité qu’Emmanuel Macron attribue, en premier lieu, à “des formes de résistances quasi politiques”.

Ainsi, a-t-il précisé, la France “doit avoir un projet de reconquête”, afin de rendre la langue française de nouveau “hospitalière”, notamment en montrant que cette langue n’est “pas forcément académique” et peut aussi être une langue facilitant le commerce.

Enfin, pour Emmanuel Macron, le français est pour le continent africain “la vraie langue universelle” :

“La francophonie, c’est la langue du panafricanisme.”

Babel africain

Une analyse présidentielle remarquée par African Exponent, qui y répond dans un article. Pour le site panafricain, certaines affirmations du président sont “mal fondées. Si l’Afrique est effectivement le continent où le nombre de francophones est le plus élevé du monde – ils sont 120 millions répartis dans 24 pays francophones –, plus de 130 millions d’Africains ont une bonne maîtrise de l’anglais et ne parlent pas le français sur un continent comptant 25 pays anglophones. Et le site d’information d’ajouter :

“Non, le français n’est pas la langue africaine universelle. Le kiswahili [principale langue écrite de l’Afrique subsaharienne] reste la langue la plus parlée en Afrique, avec environ 150 millions de locuteurs.”

En outre, souligne African Exponent, à choisir, les Africains préféreraient une langue indigène comme langue du panafricanisme plutôt que “le français, l’anglais ou l’arabe !” Des langues africaines telles le kiswahili, le haoussa (Afrique de l’Ouest et Afrique centrale), le zoulou (Afrique du Sud), le yoruba (Afrique de l’Ouest), l’ibo ou I’igbo (Nigeria) et le peul (Afrique de l’Ouest) pourraient prétendre à ce statut de langue panafricaine, estime l’auteur de l’article.

Le site panafricain rejoint toutefois Emmanuel Macron sur un point, celui du rang de la langue anglaise en Afrique. Selon le chef de l’État français, “l’anglais est une nouvelle langue commune que les gens ont acceptée”. Une remarque partagée par African Exponent, qui note que de plus en plus d’Africains “résonnent avec la langue anglaise” plus qu’avec le français dans ce statut de lingua franca (langue la plus parlée dans un vaste espace géographique) du continent.