Entre préoccupations écologiques et création d’emplois, le gouvernement britannique a tranché, mercredi 7 décembre. Par la voix de Michael Gove, ministre de l’Égalité des chances, du Logement et des Communautés, l’exécutif conservateur a validé l’ouverture de la première mine de charbon depuis trente ans au Royaume-Uni.

Ce projet controversé avait dans un premier temps reçu, en 2019, l’aval des autorités locales du comté de Cumbria, dans le nord-ouest de l’Angleterre, avant d’être suspendu par Londres l’année dernière, à quelques semaines de l’ouverture de la COP26 dans le pays.

Finalement, à l’issue d’une enquête publique indépendante, Michael Gove a mis en avant l’effet bénéfique de la houillère sur l’économie locale, avec la création attendue de 532 emplois. “L’annonce de la décision a été repoussée trois fois, contextualise The Times, pour ne pas tomber en pleine COP27, ce qui aurait été embarrassant sur la scène internationale.” D’autant que les pays du Nord ont pressé les États du Sud, au cours du sommet organisé en Égypte, de réduire leur dépendance aux énergies fossiles.

Un marché limité

“Le gouvernement britannique a été largement critiqué à l’international” pour son hypocrisie, relève le quotidien The Guardian. À Westminster aussi, les protestations se sont rapidement fait entendre, y compris dans les rangs conservateurs. Alok Sharma, président de la COP26 de Glasgow, a ainsi déploré “un coup porté à la crédibilité” du Royaume-Uni, “alors que cette mine ne fera rien pour réduire les factures d’électricité ni pour assurer notre souveraineté énergétique”.

Car la houille extraite du site, près de la ville de Whitehaven, ancien bastion minier, servira uniquement à alimenter l’industrie sidérurgique du pays, explique le journal de gauche, le Royaume-Uni n’utilisant quasiment plus de charbon sans son bouquet électrique.

“Certains disent que produire notre propre charbon serait moins polluant que de l’importer, mais déjà deux aciéristes ont dit qu’ils n’étaient pas intéressés car ils privilégiaient désormais des techniques alternatives plus vertes. Le marché sera donc très limité.”

À l’argument de l’emploi avancé par l’exécutif et les autorités locales, The Guardian oppose le potentiel en la matière des énergies renouvelables, secteur en pleine croissance dans le pays. Rien que l’extraction de la chaleur du sous-sol dans le nord-est de l’Angleterre pourrait conduire à la création de 15 000 emplois, selon une étude.”