Quarante-huit heures après avoir présenté, lundi 27 février, à Paris, le « nouveau logiciel » supposé encadrer en les renouvelant les relations de la France avec l’Afrique, Emmanuel Macron est passé à l’étape d’expérimentation lors d’une mini-tournée, dense (soixante-douze heures sur place), qui l’a conduit au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et finalement en République démocratique du Congo (RDC). Là, attendu sur la question des violences dans l’est de la RDC, il a notamment constaté que l’application de son concept de « partenariat », qui suppose, selon les mots de l’Elysée, que « ce n’est pas la France qui apporte la solution en venant en sauveur », comporte une bonne dose d’ambiguïté.
Félix Tshisekedi a ainsi vainement attendu, samedi, lors d’une conférence de presse animée, que son homologue français condamne franchement et clairement ce que le président congolais nomme « l’agression injuste et barbare du Rwanda » contre son propre pays, dans lequel son voisin oriental intervient depuis plus d’un an dans la région du Nord-Kivu par rébellion interposée, en l’occurrence celle menée par le M23. Une source de l’Elysée admet pourtant détenir « les preuves que le Rwanda a un canal direct avec les rebelles du M23 et que Kigali est capable d’infléchir leur position ». « L’agenda et les soutiens extérieurs sont connus », a certes déclaré le président Macron. « La RDC ne doit pas être un butin de guerre. Le pillage à ciel ouvert du pays doit cesser. Ni pillage, ni balkanisation, ni guerre », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse. Mais sans citer le nom du principal soutien extérieur.
Le dernier rapport des experts de l’ONU sur l’est de la RDC, publié fin décembre 2022, ne laisse aucun doute sur l’implication rwandaise, directe et documentée, et détaille le soutien logistique, financier et humain de Kigali apporté à ce groupe rebelle, composé essentiellement de Congolais tutsi et reparti à l’offensive en novembre 2021 après plusieurs années de sommeil. Si les pertes en vies humaines ne sont pas connues avec précision, tant du côté des combattants que de celui des civils, dans une région où les combats ont été accompagnés de massacres, l’impact sur la région orientale de la RDC est d’une grande ampleur.
Au total, « 1,5 million de personnes ont été déplacées au cours de la seule année 2022 », évalue le Programme alimentaire mondial de l’ONU, dans un communiqué qui a aussi salué, samedi 4 mars, la création d’un pont aérien humanitaire vers Goma (la capitale régionale de l’est de la RDC, menacée d’asphyxie par les rebelles), annoncée le même jour par l’Union européenne et financée en partie par la France.
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