Pauvreté et climat : la France doit mettre à contribution les marchés financiers

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Le changement climatique frappe de plein fouet les pays les plus vulnérables comme la Somalie ou les pays du Sahel, forçant des millions de personnes à se déplacer. [Riccardo Mayer/Shutterstock]

Pour la première fois depuis les années 1990, à cause de la pandémie, du changement climatique et de l’inflation, l’extrême pauvreté dans le monde ne recule plus : elle augmente. Des millions de personnes supplémentaires survivent avec moins de 2,15 dollars par jour, majoritairement en Afrique.

L’ONG ONE est un mouvement mondial qui fait campagne pour en finir avec l’extrême pauvreté et les maladies évitables d’ici 2030.

Le changement climatique frappe de plein fouet les pays les plus vulnérables comme la Somalie ou les pays du Sahel, forçant des millions de personnes à se déplacer.

À cela vient s’ajouter la guerre en Ukraine qui, en plus de son coût humain, a provoqué la hausse des prix des denrées alimentaires, comme le blé, fragilisant encore davantage la sécurité de millions de personnes.

Face à ces crises, les pays riches dans lesquels nous vivons ont une responsabilité immense : nous devons soutenir les pays qui en ont le plus besoin afin de protéger les biens publics mondiaux que sont la santé mondiale, la sécurité alimentaire et notre planète. C’est un impératif pour des raisons de justice et d’égalité.

L’Afrique ne produit que  4% des émissions de CO2 sur la planète, pourquoi devrait-elle subir le coût de l’inaction des pays  les plus responsables du changement climatique ? Face aux contraintes budgétaires de chaque pays qui restreignent le budget global consacré au développement, une seule solution : mettre à contribution les marchés financiers.

La jeunesse européenne se tourne aujourd’hui vers la France, car les prochaines semaines devraient permettre au pays des Droits de l’Homme de prendre des engagements concrets pour soutenir les pays pauvres.

Premièrement, au Comité interministériel de la coopération internationale et du développement du 9 juin prochain, au cours duquel les ministres français devront s’accorder sur leurs priorités en matière de solidarité internationale.

La France doit continuer à montrer l’exemple et tout mettre en œuvre pour atteindre l’objectif des 0,7 % du revenu national brut alloués à l’aide publique au développement en 2025. Grâce à la taxe sur les transactions financières, la France dispose d’un outil permettant de financer ce projet. Cette taxe représente une contribution minime pour le secteur financier, mais elle peut jouer un rôle immense pour le financement du développement.

En la renforçant et notamment en affectant la totalité de ses revenus à l’aide, la France pourrait inspirer d’autres pays à suivre son exemple.

Ce rôle moteur sur la scène internationale, la France devra également le jouer à Paris, les 22 et 23 juin prochains, lors du Sommet international pour un Nouveau pacte financier mondial, coorganisé par la France et l’Inde. Ce sommet pourrait constituer un véritable tournant dans la coopération internationale pour en redéfinir les règles, car on ne peut pas recommencer sans cesse la même chose et espérer un résultat différent.

D’abord, en poussant pour une réforme des banques multilatérales de développement, qui opèrent encore selon des règles fixées il y a 80 ans. On estime que leur modernisation pourrait libérer des centaines de milliards de dollars et ainsi changer la donne dans les efforts pour faire face aux crises mondiales.

Ensuite, en mobilisant des financements innovants pour répondre aux besoins des pays les plus vulnérables. L’adoption d’une taxe internationale sur les transactions financières est actuellement en discussion, mais cela ne pourra se faire sans la détermination de la France à convaincre ses partenaires et à prouver que ce sommet aura vraiment permis de bâtir  un « nouveau pacte financier mondial ».

Par son poids économique, son rayonnement, et son ambition, la France peut faire la différence. Mais cela ne se fera pas sans mettre à contribution les marchés financiers, qui, contrairement aux pays pauvres, sont très loin de subir les effets de crises.

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