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Accréditations

Des milliers de lobbyistes des énergies fossiles ont participé aux COP ces vingt dernières années, pointe une coalition d’ONG

Plus de 7 200 accréditations ont été accordées depuis 2003 à des personnes ouvertement affiliées au monde des énergies fossiles pour assister aux négociations des COP, révèle ce mardi 21 novembre le collectif Kick big polluters out.
par Sascha Garcia et AFP
publié le 21 novembre 2023 à 12h03

La COP, nid de lobbyistes. Alors que les dirigeants du monde seront bientôt réunis à Dubaï pour une COP28 présidée par un dirigeant de compagnie pétrolière, les lobbyistes des énergies fossiles n’ont pas attendu d’être en terrain conquis – les Emirats arabes unis ayant construit leur richesse sur l’extraction d’hydrocarbures – pour être de la partie. Depuis 2003, les Nations unies ont accordé au moins 7 200 accréditations à des personnes ouvertement affiliées au monde des énergies fossiles afin d’assister aux négociations sur le changement climatique, révèle ce mardi 21 novembre une coalition d’ONG.

Cette analyse a été menée par la coalition «Kick big polluters out» (littéralement, «mettez les gros pollueurs à la porte»), qui rassemble des dizaines d’organisations telles que Fridays for Future, Attac France, les Amis de la Terre ou encore Canopée. Elle se base sur les listes officielles des participants aux COP de ces vingt dernières années. Rien que l’année dernière, plus de 600 lobbyistes des combustibles fossiles étaient à la table des négociations de la COP27, à Charm el-Cheikh en Egypte. En 2021, à Glasgow, plus de 500 lobbyistes du charbon, du gaz et du pétrole étaient présents, soit plus que la délégation du Brésil, dont la liste était pourtant la plus fournie avec 479 personnes.

Sur ces 7 200 accréditations accordées à des personnes affiliées aux énergies fossiles au fil des années, 945 étaient directement destinées à des employés d’entreprises pétrogazières. Selon les ONG, 267 accréditations ont été attribuées aux cinq géants de la pétrochimie, ExxonMobil, Chevron, Shell, BP et TotalEnergies, parfois sous couvert d’appartenir à une délégation nationale ou aux effectifs d’une ONG. Des personnes accréditées par des «organisations professionnelles représentant les plus gros pollueurs des énergies fossiles ont pu accéder au moins 6 581 fois à une COP», traditionnellement dans le but de faire du lobbyisme pour ces énergies, ajoute la coalition dans un communiqué.

Seule la «partie émergée de l’iceberg»

Jusqu’à cette année, l’ONU ne rendait pas obligatoire de renseigner son «affiliation» et la relation précise, y compris financière, avec l’entité grâce à laquelle l’accréditation était demandée. Ce qui rendait la détection des lobbyistes plus compliquée et fait dire à la coalition d’ONG que son décompte n’est sûrement que «la partie émergée de l’iceberg». Par ailleurs, «la présence de lobbyistes aux COP ne s’arrête pas à l’industrie des énergies fossiles. D’autres industries qui contribuent aussi à la crise climatique comme la finance, l’industrie agroalimentaire, les transports sont aussi présentes et ne sont pas incluses dans cette analyse», peut-on lire dans le communiqué.

«La société civile surveillera de près si la COP28 s’avère être accueillante aux énergies fossiles ou met la priorité sur les populations et la planète», concluent les ONG. La COP28 à Dubaï devrait réunir un record de 80 000 personnes, voire plus, selon sa présidence. Les trois dernières COP avaient rassemblé environ 22 000 personnes à Madrid, 38 000 à Glasgow et 49 000 à Charm el-Cheikh. Placée sous le signe de l’entreprise, cette conférence a tout pour battre le record du nombre de lobbyistes présents sur place.

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