Malgré les sommets diplomatiques et les plans nationaux d’atténuation, le monde n’est toujours pas sur la bonne trajectoire pour juguler le réchauffement climatique et limiter ses conséquences dramatiques. A l’approche de la 28e Conférence des parties (COP28), qui se tiendra à Dubaï, aux Emirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre, les rapports se multiplient sur l’état de l’atmosphère et la concentration des gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement. Ils sont tous alarmants. Lundi 20 novembre, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) publie son Emissions Gap Report. Selon cette étude, les émissions ont augmenté de 1,2 % entre 2021 et 2022 pour atteindre un nouveau pic de 57,4 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone (GtCO2), ce qui place la Terre sur la voie d’un réchauffement de 2,5 °C à 2,9 °C à la fin du siècle.
Lors d’une conférence de presse, lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les chefs d’Etat à amplifier leurs politiques climatiques : « Les dirigeants doivent redoubler d’efforts de façon spectaculaire, avec des ambitions record, des actions record et des réductions des émissions record. » « De plus en plus de pays ont l’ambition de parvenir à la neutralité carbone, mais cet objectif n’est pas réaliste pour le moment, tranche Anne Olhoff, une des auteurs de ce document. Nous sommes en train de ruiner notre budget carbone et il est nécessaire d’avoir un renforcement des politiques de réduction des émissions dans les années à venir pour essayer de revenir sur la bonne trajectoire. »
La voie sur laquelle se sont mis d’accord les Etats est celle qui a été tracée par l’accord de Paris scellé à la COP21 en 2015, qui préconise de limiter la hausse des températures « au-dessous de 2 °C » et si possible à 1,5 °C. Ce texte n’a pas été totalement inutile. Selon le rapport, il a d’abord permis d’aplanir la courbe des émissions, qui auraient pu augmenter de 16 % en 2030 par rapport au niveau de 2015, alors que l’augmentation projetée aujourd’hui est de 3 %. Autre conséquence vertueuse de ce texte, l’ensemble des contributions déterminées au niveau national (CDN), c’est-à-dire les efforts mis en place ou envisagés par les Etats – une procédure déclenchée par l’accord –, couvre maintenant 80 % des émissions mondiales, ce qui en fait un bon outil pour agir sur le taux de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère.
« Des transformations mondiales nécessaires »
Malgré cela, les efforts sont loin d’être suffisants. « Même dans le scénario le plus optimiste, la probabilité de limiter le réchauffement à 1,5 °C n’est que de 14 % », écrivent les experts, qui rappellent qu’« aucun des pays du G20 ne réduit ses émissions à un rythme conforme à ses objectifs ». Selon le PNUE, si les contributions actuelles sont appliquées, le réchauffement sera de 2,9 °C. Si toutes les CDN étaient mises en place, notamment celles qui sont conditionnées à des aides financières ou technologiques des pays riches aux pays en développement, le réchauffement serait encore de 2,5 °C.
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