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« Avec la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour génocide, le Sud conteste une mémoire dominée par la Shoah et lui oppose celle de la colonisation »

Les audiences du recours déposé par Pretoria devant la Cour internationale de justice illustrent l’émergence du Sud global et sa remise en cause de l’ordre installé par les Occidentaux, estime dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 17 janvier 2024 à 17h01, modifié le 17 janvier 2024 à 19h07 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Ce n’est pas tout à fait un hasard si l’un des plus brillants conseils de l’équipe de juristes qui plaide le recours de l’Afrique du Sud contre Israël, accusé de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ), est une avocate irlandaise. Perruque blanche du XVIIe siècle sur ses longs cheveux, Blinne Ni Ghralaigh a fait un redoutable exposé clinique, jeudi 11 janvier à La Haye, aux Pays-Bas, de ce qu’elle a qualifié de « premier génocide diffusé en direct » à propos des Palestiniens de Gaza. La jeune juriste, font valoir certains de ses admirateurs, jouit d’une double qualification : experte reconnue dans la défense des droits humains en droit international, elle vient d’un pays qui est une ancienne colonie.

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Cette double qualification et le fait qu’elle soit évoquée illustrent la dimension très particulière de la plainte déposée contre Israël devant la plus haute juridiction des Nations unies. Fondé sur le caractère massif et le bilan humain de la riposte militaire israélienne aux massacres commis par le Hamas le 7 octobre, le recours sud-africain dépasse la simple procédure judiciaire. Il est la plainte du Sud global contre les critères occidentaux de la supériorité morale. Il est la remise en cause d’un ordre international installé par le plus puissant allié de l’accusé, les Etats-Unis. Il est aussi la contestation d’une mémoire dominée par la Shoah, à laquelle s’oppose ouvertement celle de la colonisation.

Israël accusé de génocide devant la CIJ, « c’est le monde à l’envers », s’est indigné Benyamin Nétanyahou, premier ministre d’un pays né du plus grand génocide du XXe siècle, celui qui a vu six millions de juifs exterminés par le régime nazi. Il ne croit pas si bien dire. Le monde, en effet, est en train de s’inverser, et ce qui se passe ces jours-ci devant les dix-sept juges de la CIJ à La Haye est le symbole de ce basculement.

« Soixante-quinze ans d’apartheid »

Quel que soit le verdict final de la Cour sur le caractère génocidaire de l’offensive israélienne à Gaza, quelle que soit sa décision sur la demande de suspension des opérations militaires présentée par Pretoria, le seul fait que, dans le contexte actuel, cette accusation contre Israël ait été portée par un pays lui-même symbole de la répression coloniale et de la ségrégation raciale est historique.

« Les Palestiniens ont enduré soixante-quinze ans d’apartheid, cinquante-six ans d’occupation et treize ans de blocus », a déclaré le ministre sud-africain de la justice, Ronald Lamola, devant le tribunal. La figure de Nelson Mandela, icône de la résistance à l’apartheid et de la clarté morale, plane inévitablement sur ces audiences. Pour se défendre, Israël a choisi un autre symbole, un rescapé de la Shoah, un juge de 87 ans, Aharon Barak.

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